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12 Mars 1999
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Maximômes jeune public
1999 une année dans la pure tradition du spectacle jeune public/tout
public. Comme d'hab', il s'agit bien sûr de satisfaire autant les parents que les enfants. Une année
marquée par les langues étrangères anglais, arabe... -quoiqu'on ouvre «MAXIMÔMES»
par un spectacle sans parole - et on le termine par la présence de la chanson française avec 23 petits
landais ! Au duo de balles toulousaines des VIS À VIS succèdent le jonglage des voix du trio des
fameuses anglaises LES AMUSE-GIRLS et le tricotage des mots en langue arabe du séduisant FAWZY AL AIEDY.
Pour finir, un «Toujours en retard» de et par JEAN MOUCHÉS et sa petite troupe ; accent du sud-ouest
assuré.
7 & 8
LA COMPAGNIE VIS À VIS - «Visa pour l'amour» - Cirque
contemporain, fantaisie gestuelle et jonglage fin.
Ils sont deux dans un jardin étrange, stylés, en costume sombre,
impassibles, félin. Ils communiquent en jonglant sans parole mais en musique. Du hip hop ils passent avec
bonheur à l'ampleur d'une suite pour violoncelle de Bach. Lucien About et Vincent Bruel dansent, miment
et font les clowns, ils ne sont pas seulement les virtuoses de LA COMPAGNIE VIS À VIS. Avec leur air d'«imbéciles
heureux» les deux frères décalés nous offrent un rêve chorégraphié.
Les balles ont un langage, elles poussent dans des pots, font parfois jusqu'à treize rebonds et se mettent
en ribambelle pour créer une ronde de planètes. Comme dit Le Provençal «Ces Boule et
Bill de la piste touchent leurs billes».
9
La conquête de l'Ouest
Trois heures de direct un mercredi d'avril pour suivre la 23ème étape
de ce tour du rock français. Le peloton, composé de régionaux, alimente les questions sur
la «Breizh attitude» trad, celte ou berbère ? Les trois à la fois ! A influences celto-berbères
chez MATMATAH, réchauffée par les cordes trad' pour ARMENS, ou pour guitares et voix lorsqu'elle
s'écrit BLANKASS, c'est bien du rock français - sous influence - que ces forçats de la route
produisent de ville en ville. Édifiée dans un solide alliage rock, sillonnée d'essences traditionnelles
(violon et accordéon) et de voix pop, la musique d'ARMENS évoque une délicate violence qui
suffit à notre bonheur. Purs produits des circuits cafeone', nourris aux reprises des Waterboys et au medley
du Top 50 breton, ces fils d'Arvor savent tout jouer !
L'air de rien, BLANKASS n'a cessé depuis trois ans de gratter au répertoire
français, de le racler à coup de mots, de s'y glisser pour mieux le voir, de se l'approprier avant
d'en restituer la substantifique moelle. Avec la reconnaissance du public (plus de 100 000 albums vendus en 97)
sont venus de nouveaux questionnements traduits en musique avec des chansons incisives taillées pour d'amples
guitares.
Cette fois encore, c'est à la Bretagne que l'on doit l'une des plus
frappantes fusions françaises du moment, réconciliant Orient et Breizh, empruntant à la chanson
F., flirtant outrageusement avec le reggae, et ne dédaignant pas une section rythmique bien plombée,
MATMATAH joue à l'évidence ce qu'il est : un kaléidoscope électroacoustique de nos
origines à aujourd'hui. Ou plutôt trois voix se mêlant les unes aux autres, dans un univers
d'espoir, de fête et de paix, à l'image de cet autre Matmata (sans «H', celui-là), le
village troglodyte posé au milieu du désert tunisien dont il tient son nom.
10
Un plateau 100 % gaulois
Voilà ce à quoi nous vous convions pour cette grande messe
hip hop du Printemps 99. Normal nous direz-vous, pour la seconde nation du rap, car comme on a pu le remarquer
dans la presse internationale, la scène rap française fait aussi sa «french touch». Quoi
de plus hype chez les branchés londoniens que de danser sur «Back dans les bacs» en dégustant
un verre de Chardonnay avec une petite Japonaise fraîchement pêchée à Portobello ?
Après sa collaboration sur le dernier opus d'Expression Directe, Mysta
D. nous revient avec sa formation d'origine D. ABUZ SYSTEM et l'album tant attendu «Le Syndicat». Il
ne fait que confirmer sa place dans l'élite des compositeurs hexagonaux. Loin des productions minimalistes
prévalant dans le rap orthodoxe, il concocte un gros son, sur lequel Abuz place sans concession le flow
qui a fait de lui un MC respecté dans un univers où les shadocks du mouv' ont la majorité.
Repéré et signé par l'écurie Time Bomb en 96,
OXMO PUCCINO n'est pas du genre à se faire attendre. Après une première collaboration avec
S-Kiv on le retrouve sur Sad Hill, le projet de Khéops, puis avec K Ren sur l'album de Mysta D. Son premier
album «Opéra Puccino», véritable bombe dans un paysage hip hop français un peu
trop formaté, le propulse dans la cour des grands dès sa sortie.
Que dire sur NTM qui n'ait pas été écrit mille fois
? Véritable phénomène social, capable de déclencher les foudres des syndicats de police
et autres lobbying, déclencheur permanent de polémiques suite à ses diverses frasques plus
ou moins comiques... Tout ceci n'est que l'emballage d'un groupe qui restera pour tous les amateurs de hip hop
le meilleur groupe de scène qu'ai connu le mouvement des «déchireurs de foules». Lors
d'un concert de NTM - adrénaline explosive garantie - on retrouve chez ces deux MC la foudre et la rage
qui les ont rendus célèbres au milieu des années 80 dans la capitale avec leurs crew de grapheurs.
Véritable cauchemar du «politiquement correct», leur nouvel album confirme, pour les derniers
sceptiques, leur statut de locomotive du rap français, et c'est en présence de prestigieux guest
qu'ils apparaîtront à Bourges. Alors que tous les lascars laissent leurs problèmes aux vestiaires
et nous rejoignent pour faire la fête sans oublier les «roots» du mouvement «Peace, Love
& Unity».
11
Because French is beautiful
Dans la série «regain d'intérêt pour la musique
traditionnelle (surtout celtique) et la world music», sept jeunes musiciens, originaires du royaume de Belgique,
apportent la fraîcheur des plages du Nord et l'énergie contagieuse d'un Plastic Bertrand qui aurait
enfin atterri. Mélange de chanson française et d'envolées instrumentales, COïNCIDENCE
nous raconte les falaises rousses de l'Irlande, l'ambiance des pubs de Joyce, les cornemuses des sept coins de
l'Europe, l'accordéon sous les lampions... COïNCIDENCE nous entraîne à la découverte
de nouveaux paysages musicaux. Normal au pays de Tintin et Milou...
Enfant chérie du public à Montréal, où son dernier
album s'est vendu à plus de 100 000 exemplaires, LYNDA LEMAY est une artiste rare et subtile qui peut passer
du rire aux larmes avec la même sincérité, le même naturel. Auteur, compositeur et interprète,
cette jeune québécoise est en train de d'apprivoiser la France. Avec des textes tendres ou corrosifs,
pimentés d'un humour ravageur, Lynda Lemay a imposé une voix et un répertoire très
personnels qui ont déjà conquis... Charles Aznavour, son premier admirateur. Voilà bien un
petit miracle comme nous en réservent parfois nos cousins de la Belle Province.
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Nu School Of Dub
Mouvement underground de la Jamaique seventies, le dub s'est imposé
en cette fin de millénaire comme un mouvement fondamental et une source d'inspiration déclarée
: Massive Attack, Portishead, Beastie Boys... On ne compte plus le nombre d'artistes majeurs de la planète
pop qui se battent aux portes des studios jamaïcains pour un remix ou une collaboration. C'est autour de mythes
fondateurs comme Lee Perry, King Tubbie ou Mad Professor que Iration Steppas, Aba Shanti, Submission et Tikiman
ont créé et développé ce son qui fait d'eux les piliers de cette scène dub.
Mark Iration, qui officie dans son mythique studio londonien «High
Rise Studio», nous présentera son live le plus radical IRATION STEPPAS, pendant le plus roots de son
excellente prestation scénique «Kitachi». C'est avec SUBMISSION (collectif berlinois) que le
célèbre TIKIMAN nous offrira une des ses trop rares apparitions (NDLR : ne rater pour rien au monde
son dernier album «Rythm & Sound w/Tikiman-Showcase», fruit de sa collaboration avec le mythique
producteur teuton Morizio une galette visionnaire pour l'avenir du dub).
De quoi vous préparer à la prestation d'ABA SHANTI, véritable
Deejay culte dans le milieu des sound systems dub londoniens.
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Sex Machine
Caressant, stimulant, irrévérencieux, électrique, sensuel,
passionné, fusionnel, venimeux, sauvage, orgasmique, le rock'n'roll inspire naturellement l'idée
de sexe : The JON SPENCER BLUES EXPLOSION et ANDRÉ WILLIAMS en sont la personnification la plus paroxystique
du moment. Que tous ceux et celles qui veulent être sûrs de jouir au moins une fois cette année
se retrouvent à cette unique date du JSBX.
The JON SPENCER BLUES EXPLOSION : cinq ans que ce combo new yorkais nous
affole les hormones à coups d'impulsions électriques et d'insolences. C'est dans un état de
transe totale que l'on assiste à chaque concert de ces bêtes de scène qui, continuellement
en rut, arrachent bestialement sa virginité au rock. A deux guitares abrasives et une batterie incandescente,
Jon Spencer, Judah Bauer et Russel Simmins subvertissent le patrimoine du blues et dynamitent les lois de la fusion.
Et lorsque «le plus grand foutu groupe du monde» frappe sous la ceinture, il fait authentiquement exploser
la musique, ses frontières et sa chronologie. On a donc au moins deux certitudes, le rock et le sexe survivront
au siècle, et c'est ce crooner atomique qui nous précipitera dans le prochain à grands coups
de break beat, d'accents gospel, et de mix hip hop.
La petite histoire raconte qu'ANDRÉ WILLIAMS et Jon Spencer se seraient
rencontrés alors que le vieux régaleur du blues jouait dans un bar de Chicago, en racontant des histoires
salaces et buvant du bourbon. Image d'Épinal ou fiction féerique, toujours est-il qu'avant d'être
«ambiance producer» sur l'enregistrement du dernier album du JSBX «Acme», Williams était
déjà l'une des plus âpres merveilles du blues des années cinquante. Mieux qu'une «véritable
curiosité», ce crooner est un vrai showman à l'ancienne. Costard impeccable, cheveu lissé,
chemise repassée, il met en scène avec un charme époustouflant ses morceaux de blues primaires
et sauvages. Contemporain de Dean Martin ET Marvin Gaye, il pimente son show de contorsions sensuelles avec le
micro et de dialogues coquins avec le public féminin. La grande classe, quoi !
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Langue au chat !
Cabaret, nouvelle chanson française, néoréaliste ou
punk-rock acoustique ? De la vitalité des jeunes artistes à texte et une large place accordée
au sentiment Voilà de quoi se réjouir ce soir dans le noir.
Qu'ils interprètent tous les tubes sixties des charts anglais ou qu'ils
les miment, ce qui trouble chez LES MATCHBOXX, c'est l'infime espace-temps nécessaire pour distinguer le
premier du second degré. Une fois l'instrumentation engagée - guitares sèches, Cazou et orgues
sucrées - on respire devant cette joyeuse parodie musicale. Et en effet c'est frais, béatement taré
et plutôt inattendu venant d'un combo des eighties (3 guitares, 3 voix) au positionnement très seventies
(2 garçons, 1 fille).
LES OGRES DE BARBACK sont quatre, musiciens enthousiastes et poètes,
mélomanes échappés d'une chanson tzigane, quatre jeunes frères et soeurs inspirés
par le romanesque de l'Est ne manipulant pas moins de 12 instruments pour aller au bout de ce sentiment. Marqués
par la Mano et les VRP, proches des Têtes Raides, de La Tordue et de leur cabaret, ils cisèlent à
leur tour une musique de fantasme : des chansons effrontées et canailles posées sur des ambiances
acoustiques et gitanes.
Une agréable alternative aux années 80, à Bourvil, aux
Forbans, et au hip hop, LES HURLEMENTS D'LÉO sont un hommage aux VRP ! Véritables entomologistes
de l'âme, rapportant avec minutie toutes les écorchures humaines, ils chantent ce qu'ils écrivent
au comptoir : les histoires de leurs personnages croisés par hasard. Et si leurs récits de nos vies
- amours empoisonnées, solitude, misère affective - nous paraissent soudain jouissives, c'est à
la puissance festive de leur java-punk-guingette qu'on le doit.
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LES DÉSAXÉS (nouveau spectacle)
Soient quatre brillants saxophonistes soufflant dans quatre brillants saxophones.
Vous pouvez bien les pendre par les pieds, remplir leurs instruments de mousse à raser, les éclairer
à la lampe de mineur, et cacher des pétards sous les fauteuils... En somme, vous pouvez chercher
midi à quatorze heures. Mais demandez à ces quatre-là de visiter avec humour et virtuosité
un répertoire original et éclectique, laissez-les résonner et déraisonner en toute
liberté, et vous goûterez le plaisir d'avoir trouvé midi à midi : évident, renversant,
proprement inouï... Saxophonissime.
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