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25 Février 1999
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Hommage à CHEIKH RAYMOND LEYRIS par ENRICO MACIAS avec la participation
de TAOUFIK BESTANDJI et son orchestre.
Lourde tâche que de parler 37 ans après son immonde assassinat
par le FLN en pleine guerre d'Algérie, d'un homme et d'un artiste aussi majeur que RAYMOND LEYRIS.
Reconnu unanimement par les artistes arabo-andalous comme étant le plus grand de leurs interprètes,
son parcours tout comme sa musique ne fait que nous prouver à quel point l'histoire se répète.
Son décès nous rappelle tristement les récentes vagues d'assassinat d'artistes et intellectuels
algériens et fait de lui un précurseur dans cette lutte pour la liberté et les droits de l'homme
au Maghreb. Mais il fut avant tout ce grand artiste qui continue d'influencer la totalité des musiciens
nord-africains depuis plus de 40 ans aurait-on vu se révéler au public les Khaled, Cheb Mami, Faudel,
Lounés Matoub et autres génies du raï, si CHEIKH RAYMOND n'avait posé les premières
pierres d'un des mouvement musicaux les plus universels de cette fin de siècle ? C'est dans la Constantine
colonisée des années 20 qu'il a grandi, où Islam, Judaïsme et Christianisme se côtoyaient
sans jamais se mélanger. A 16 ans, Benlamri Larbi lui enseigne les principes de son art, puis dès
1932 il fait la connaissance de Cheikh Tahar Benkertoussa, perfectionne sa pratique du luth, en devient le virtuose
incontesté. Son parcours mérite un livre, son histoire une encyclopédie, il est donc plus
judicieux de laisser le soin à Gaston Ghrenassia (ENRICO MACIAS) son beau-fils et plus grand fan, de lui
rendre hommage et de vous faire découvrir en musique son parcours et sa virtuosité en compagnie du
virtuose TAOUFIK BESTANDJI et de leurs amis. Il nous reste à espérer que l'histoire varie et que
nous saurons faire vivre la mémoire de ce génie oranais.
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Les incorruptibles
Semblables par leur voix, leurs sons, leurs goûts, leur rythme, leur
détresse et leurs impudeurs, une génération pourtant les sépare. Étrangement
jumeaux, et cependant distincts, c'est au mystère des parentés de l'âme que JACQUES HIGELIN
et MANO SOLO s'attaquent ce soir.
C'était à Paris il y a presque quatre ans dans un Bataclan
archi-comble hurlant des «Mano je t'aime» et pire, des «Mano, on veut bien mourir pour toi !»,
que le plus émouvant des chanteurs français faisait ses adieux à la scène. Un départ
libérateur, une parenthèse salvatrice, qui enterre le «chantre de la génération
sida» et préfigure l'artiste d'aujourd'hui : l'interprète majeur du néoréalisme
français. Ni héros d'une génération, ni incarnation d'une jeunesse figée dans
l'immédiat, MANO SOLO est solidement ancré dans cette tradition du réalisme qui évolue
souplement entre Edith Piaf et Johnny Rotten.
C'est sans doute la faute à sa voix : cette voix rauque de mal réveillé,
cette voix de fête et de fumée - et le fait qu'elle s'entête à ne jamais disparaître
de nos têtes - qui explique que chacun porte la petite musique de JACQUES HIGELIN en soi. Vampeur de public,
exhibitionniste de l'émotion, écrivain cru, punk depuis trente ans, Jacques Higelin est ce poète
qui jouit de sa solitude avec son seul piano pour partenaire. Dérangeant, véhément, énervant,
créant, il se doit de tout bousculer, tout réinterpréter, tout réorchestrer, tout essayer
: le chant des sirènes, le chant des crécelles, les orphéons, les flonflons, les violons tziganes,
car rien n'est de trop pour profiter d'un supplément d'âme.
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«Made in ici»
En matière d'innovation musicale, la France n'est pas en reste. Après
avoir longtemps lorgné au-delà de ses frontières, elle révèle depuis l'ère
électronique une audace et une créativité qui n'ont définitivement rien de franchouillard,
mais qui sont malgré tout «made in ici». Fini la jachère, on passe aux choses sérieuses.
La minutie, le sens du détail, la finesse, sont autant de qualificatifs
caractérisant le travail de KYU. Originaire du rock mais accro au digital, le trio s'emploie à fondre
ces influences antagonistes au gré d'une imagination joliment éthérée. Bien que complexe,
sa subtile alchimie dénote d'une unité singulière, assimilable à un style. Mélodies
maladives, rythmiques spatiales, sonorités étranges, pop glacée ou noise langoureuse, leur
incantation musicale a des effets hallucinatoires, des vertus psychotropes que la bienséance ne saurait
trop encourager. Extatique.
Soudain quelque chose ne tourne pas rond, comme si on réalisait subitement
que les gens ne sont pas gentils, que la vie n'est pas rose, que l'on a parfois mal... La musique de SIN est comme
la vie, troublante d'émotions, de joies, de douleurs elle n'a rien de propre, de lisse et elle aurait plutôt
tendance à écorcher l'âme si on la pénètre trop loin. Les trois membres de SIN
ne se sont pas réunis pour satisfaire un standard, «Noisy Pipes Lovely Noises» révèle
telles quelles leurs affres intérieures. Forcément écartées entre amour et haine, harmonies
et dissonances, saturations et mélodies.
Voici quelques années déjà que MARC EM malmène
et triture les sons afin de forger le son et nous donner un avant-goût des mélopées qui feront
chavirer le siècle à venir. Dans son surréalisme sonore rien ne manque chaque note, chaque
mot, chaque sample déroute et met en joie. Cet adepte du «Do It Yourself» ne se contente pas
de piller et de recycler, il expérimente et il régénère. Sa musique, mutante et hybride,
s'avère résolument humaine, comme s'il y avait de la méthode dans sa folie. A moins que ce
ne soit l'inverse...
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La messe noire
Âmes sensibles s'abstenir. La direction délivre uniquement des
allers simples que les usagers prennent à leurs risques et périls.
Liverpool, cette ville ouvrière au quotidien sans surprise n'engendre
pas la joie de vivre, on finira par le savoir. Et la profonde douleur existentielle outrageusement perceptible
chez ANATHEMA n'altère aucunement ce mythe, tant elle suinte à chaque morceau. «Alternative
1», le quatrième exutoire, repousse encore plus loin cet obscur pèlerinage : son exploration
minutieuse des bas- reliefs psychologiques révèle des sentiments nus et écorchés aussi
variés que les troubles qui les ont générés. Ce n'est pas un hasard si le public a
souvent comparé Anathema aux Cure, Doors ou Pink Floyd : il a bien compris la perverse alliance d'un tel
voyage.
«How Tomeasare A Planet» est la pièce maîtresse
de THE GATHERING, le point de convergence insoupçonné de leur carrière. Aux antipodes des
précédentes expériences, cet album concept dévoile une aptitude singulière à
l'évasion, s'affirme comme le plus troublant des voyages oniriques. Le vertige est total, la séduction
imparable. Qui eut crû que cette formation hollandaise viendrait percuter les préjugés du métal
avec comme arguments majeurs une fragilité gracile et des mélodies cristallines ? Pour tous ceux
qui ont une âme.
MOONSPELL est une institution en soi. Un monolithe dans la planète
métal, immanquable et incontournable. D'ailleurs le clan des fidèles ne cesse d'augmenter, littéralement
fasciné par le charisme froid et assuré de Fernando Ribeiro. Avec le troisième prêche
«Sio/Pecado», MOONSPELL continue son entreprise de séduction lascive mais sûre où,
sans comprendre comment, on se retrouve enrôlé malgré soi. La dépendance n'est déjà
plus loin : l'envoûtement s'opère pernicieusement, alléchant d'interdits, subjuguant de beautés
aigres-douces. On vous aura averti.
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ZAZIE dans le Berry
ZAZIE fait de la peine à Jean-Marie et cela nous ravit.
Car contrairement à leurs petits camarades du rock, du ciné
ou du théâtre, trop rares sont les artistes de «variétés» qui avouent publiquement
leur dégoût de la bête immonde. Ils privilégient certainement le nombres de disques vendus
à l'avenir de leurs enfants.
En tout cas et sans utopie, nous sommes heureux d'accueillir ZAZIE et ses
invités pour la clôture de cette édition 99. Elle en a parcouru du chemin depuis sa Victoire
de la Musique en 93 en tant que «révélation féminine de l'année». Elle
a d'ailleurs confirmé ce prix en 98 en recevant celui d'«interprète féminine de l'année»,
en dehors de sa carrière solo qu'elle mène avec un succès qu'on lui souhaite long, ZAZIE est
à l'aise dans son rôle de rafraîchisseuse du showbiz en écrivant et composant pour Pagny,
Obispo, Kaas ou Hallyday. C'est donc une ZAZIE entourée de tous ses amis que l'on retrouvera sur la scène
du Palais d'Auron pour un concert événement bourré de surprises. Une bonne occasion de faire
de la peine à Jean-Marie...
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