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13 Avril 1999
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JEAN MOUCHÈS «Toujours en retard» - Conte musical
On connaît JEAN MOUCHÈS, chanteur landais espiègle et
poète. On l'a vu en première partie de Nougaro, Le Forestier, Vassiliu... On se souvient de «La
Maison du lac» qui a ravi grands et petits. Jean Mouchès vient créer «Toujours en retard»
à Bourges, mais il ne vient pas tout seul ! Il a concocté une fresque musicale humoristique et historique
avec 23 élèves de Labouheyre, accompagnés par trois musiciens et un acteur. C'est l'histoire
d'un p'tit gars, Jacques Moulinaud, qui se fait réprimander pour ses retards incessants, retard pour le
repas préhistorique, retard pour sonner matines, retard pour l'école, le mariage de sa soeur, retard
pour sauver son retard... jusqu'au retard pour le départ de la dernière fusée qui quitte la
terre... Cette aventure jouée et chantée nous transporte dans des époques marquantes de l'humanité,
conquête romaine, Moyen-Age, révolution française... et le futur. Jean Mouchès se prépare
avec ce spectacle à faire un tour de France avec d'autres enfants, dans d'autres villes, avec d'autres instituteurs.
Espérons que l'exemple fasse des petits.
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Communauté de motivés
Accueillir les ASIAN DUB FOUNDATION dans un festival est toujours une bonne
nouvelle et le gage d'un événement scénique et musical à l'image de leur parcours engagé
et sans concession. C'est donc avec un plaisir non dissimulé que nous avons reçu leur accord de programmer
une soirée pour cette édition 99. Loin des élites et des médias «politiquement
corrects» qui s'empressent depuis des années d'analyser «le jeune» comme le prisonnier
d'une génération perdue et apolitique, les artistes invités par ces enragés londoniens
ont tous en commun une certaine vision de la société. Et contrairement à bon nombre d'artistes
aux textes pseudo-rebelles, ils appliquent à leur quotidien ces valeurs et ont tous mené leur carrière
artistique tel le renard dans la meute de loup.
CLOTAIRE K ouvrira le bal. Découverte Printemps 97, c'est sur la route
qu'il a croisé les ADF, rencontre fertile qui amènera ce jeune artiste à confronter ses racines
libanaises à l'ambiance indo-pakistanaise du studio «Community of Music».
Révélé au public par le génial sonorisateur Adrian
Sherwood, c'est sur son label On U Sound que sort en 94 le premier album d'AUDIOACTIVE. Tout droit sorti de l'Empire
du Soleil Levant, AUDIOACTIVE est à l'image de cette jeunesse japonaise : rebelle et opposée à
un système sclérosé où traditionalismes culturel et religieux se conjuguent au modernisme
ultra-libéraliste le plus caricatural. Comme leur prestation scénique où ambiance club lancinante
et riffs de guitare acerbes se conjuguent pour un show digne des premières prestations d'Urban Dance Squad.
C'est un vrai pavé dans la mare que nous a livré ZEBDA lors
de sa participation à l'album du collectif «motivé» et, en 98, la sortie de l'album «Essence
ordinaire» n'a fait que confirmer les échos d'une décennie de prestation scénique explosive
: ZEBDA est un groupe majeur du paysage musical français, une bombe de scène, une locomotive... Et
c'est sans hésitation qu'ils ont répondu positivement à l'invitation d'ADF. Alors face à
un groupe qui résume sa carrière à «une vie de concert comme autant de causes à
défendre, nous tirons chapeau bas en attendant la déferlante ZEBDA.
ASIAN DUB FOUNDATION clôturera donc la soirée pour une date
unique en France avant la tournée qui suivra la sortie de leur nouvel album annoncé avant l'été.
On vous espère nombreux pour cette «Conscious Party», bonne occasion de vibrer sans se liquéfier
le cervelet. Big Up !
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Mainstreams
Où va l'amour ? Coloristes de l'intime, drogués du sentiment
ou apprentis sorciers, les musiciens qui se rassemblent ce soir ont tous la fabuleuse capacité de l'expliquer.
POLAR est une machine à créer des chansons. Prolifique, mélodieusement
inspiré, le groupe trop hâtivement présenté comme un adepte du folk en cuisine serait
plutôt du côté de cette famille heureuse de la pop qui verse dans le trifouillage expérimental.
Ayant manifestement trouvé sa famille (1ères parties de Cat Power, Miossec, Op 8, Massive Attack)
et pleinement assimilé sa double culture dirlando-helvète (les poussées de fièvre oniriques
du violon d'Olivier Mellano ont été enregistrées dans un chalet à la montagne), POLAR
promet d'organiser en altitude la rencontre entre songwriting racé et ambient music.
Palace Music, Palace Brothers, Palace - tout court -, et maintenant BONNIE
PRINCE BILLY ! A chaque nouvel album, Will Oldham s'interroge avec minutie sur l'identité du génie
qui signera ses nouveaux morceaux. A intervalles réguliers, il a donc le plaisir de se glisser dans la peau
de cet artiste foisonnant, auteur d'élégantes chansons d'amour, d'étranges complaintes rurales
ou de fragiles saynètes urbaines. Il étant lui, les propriétés aphrodisiaques de sa
voix cassée et berçante restent intactes et concourent à faire du Palace sound une circonstance
favorable à des contacts intimes et chauds.
En dépit de l'acharnement musicologique pour en faire - à chaque
nouvel album -, la «révélation de l'année» (ce qui en l'occurrence n'était
pas faux), c'est le cinéma (il signe la B.O. de «Will Hunting» ) qui finalement fait exploser
les chansons mélancoliques du mystérieux ELLIOTT SMITH aux oreilles du plus grand nombre. Émouvant,
solitaire avec sa guitare, il exploite son sens mélodique avec une grâce baroque et une limpidité
bouleversante. Les choeurs, piano, cordes et cuivres réchauffent la sécheresse de sa guitare acoustique
et permettent de glisser l'exacte nuance sur des textes oscillant entre films noirs et comptines neurasthéniques
: du post- folk, en quelque sorte.
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Brazilian Explosion
Une seule certitude : le Brésil restera pendant les trois prochaines
années un bon souvenir pour une majorité de nos concitoyens, suite à un certain après-midi
d'été où vingt-deux humains ont joué à la balle. Il serait somme toute réducteur
de résumer la création artistique du Brésil au passement de jambes de Ronaldo. Nous vous proposons
donc de venir découvrir la richesse de la nouvelle scène brésilienne au travers des artistes
des deux labels les plus novateurs du moment. Étrangement, on trouve deux occidentaux aux manettes de ces
labels : David Byrne pour Luka Boop, et Dave «Bongo» pour MISTER BONGO. Étrangement aussi, nous
ouvrons la soirée avec WALDEMAR BASTOS, musicien compositeur angolais et artiste imprégné
de culture brésilienne. C'est donc par un concert intimiste et mystique que débute cette soirée
avant de laisser place à DOM UM ROMÀO, artiste majeur de la scène brésilienne, réfugié
en Suisse. Avant de se défouler sur la Batucada de ARAKATUBA, le DJ MISTER BONGO vous fera partager une
sélection de son impressionnante discothèque personnelle. Attention aux ampoules...
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1999 Electro Fédération
On nous avait prévenu : «Cette année, vous allez en bouffer
du 2000»... Le bug électronique, les milliers de commerçants en proie à un doute existentiel
: «Vais-je devoir rebaptiser ma station ISOLA 2001»... Avant que votre cerveau ne soit totalement détruit
par cette lobotomie collective, et votre corps endommagé par un abus de Viagra, bienvenue à cette
party non millénariste juste pour se rappeler que, suite à une erreur scientifique, l'an 2000 est
déjà passé depuis quelques années et que c'est l'occasion de fêter cela. Cette
année Le Printemps vous propose un trip au coeur de la galaxie groove, avec de nombreuses étapes
qui vous mèneront du trip hop musclé au big beat, de la house from Detroit à la french touch,
de l'électro british à la techno du grand Nord.
Pour ouvrir cette soirée, dans la famille «move your ass»
je pioche RINÔÇÉRÔSE. Ce duo ouvrira les hostilités : elle et lui sont Montpelliérains
et mettent le Bronx chez les major compagnies qui se battent comme des chiffonniers pour les signer. Effet de mode
qui pousse tous les DA anglais à signer sa «frenchetouche» ? Pas sûr ! L'album des RINÔÇÉRÔSE
est une petite bombe et son premier tube «Le Mobilier» est bastonné par la quasi totalité
des radios.
Vous avez sans doute entendu parler d'A-TRAK ? Ce jeune DJ a gagné
les DMC 97 à l'âge de 15 ans, et parce que ce serait bête de s'arrêter là, il en
a profité pour rejoindre le meilleur crew DJ du monde : les Invisible Scratch Pickles et leur mentor Q Bert.
Une touche de démo hip hop donc, qui fera la transmission avant la prestation tant attendue de Jacques Lu
Cont.
LES RYTHMES DIGITALES sont déjà un mythe : c'est Mark Jones,
le mentor de Wall Of Sound, qui repère Jacques lors d'une de ses fréquentes tournées des hôpitaux
psychiatriques français Après quelques tractations, il le fait sortir d'HP pour l'enfermer dans un
petit home studio, dans la cave du label. Pour confirmer la pertinence du son Wall of Sound et après le
carton des Propellerheads, Jacques ne sort de studio que pour l'une de ses trop rares apparitions publiques et
son nouvel album laisse bien ressentir ses excès de stimulants neurologiques. Funky Therapy !
Un peu moins torturés, les FREESTYLERS sont une machine de guerre.
A l'image de son label Freskanova, ce collectif de B Boys londonien a secoué le paysage musical anglais
et l'on ne compte plus le nombre de hangars et clubs qu'il a retourné en 98. Ce soir il est accompagné
de TENOR FLY, et Cie MC NAVIGATOR (D Note) et sa prestation scénique sans complexe, imprégnée
d'influence du «UK Hardcore Movement», de break beat, de dub et d'Electro new yorkaise 80's.
Place aux beats assassins de DJ TOUCHÉ AKA THE WISEGUYS, autre fleuron
de wall of sound, un DJ incontournable du mouvement big beat, habitué des soirées Big Beat Boutique
de Fat Boy Slim, et du mythique Heavenly Social Club de Jon Carter (Monkey Mafia). Il s'occupera de vos petits
corps fragiles, avant le live très attendu de Patrick Scott alias SCOTT GROOVES, le nouveau phénomène
de Detroit. Initié à la house par l'émission de Jeff Mills «The Wizard», il rencontre
Kevin Saunderson dans un club et le rejoint comme clavier dans le mythique Inner City. Le label écossais
Soma (Daft Punk, Slam, Funk D Void...) le signe. Son nouvel album est grandiose et s'appuie sur des collaborations
avec des mythes vivants comme Roy Ayers ou Georges Clinton ; le remix par Daft Punk «Mothership Connexion»
s'impose d'entrée dans les charts comme le tube de début 99. Scott est en Europe pour cette date
unique avec son live funk/house.
«Cassius In The House». 1999 sera quoiqu'il arrive une grande
année pour la production française : avant le nouveau Daft Punk annoncé, c'est Zdar et Boom
Bass qui nous livrent enfin leur album sous le nom de CASSIUS. Véritables pionniers de la scène électro
française ils sortent depuis des années des productions phénoménales et disparates
: La Funk Mob, Motorbass... Espérons que pour une fois la France ne sera pas la dernière à
ovationner un groupe déjà plébiscité dans la presse internationale. Avant leur nouveau
live estival, nos deux acolytes viennent à Bourges avec un mix DJ qui a déjà remué
tous les dance floors des soirées les plus mythiques de la planète house. Reste à espérer
qu'ils ramènent leurs amies présentes sur la couverture de Daze & Confused
Un véritable monument suivra : ORBITAL, au sein duquel les frères
Hartnoll officient depuis 90. Avec un nouvel album qui sort en mars 99 Orbital est de retour pour confirmer son
statut de groupe majeur de la scène techno. C'est avec The Ob, KLF et autres Shamen qu'il a initié
et installé la vague acid house anglaise de la fin des années 80. Mais ce qui le sépare de
ses petits camarades, c'est sa capacité à s'inscrire dans le temps, loin des pièges de la
branchitude dance music. Les productions d'ORBITAL sont majeures et novatrices depuis des années, mais surtout
ses prestations scéniques à l'image d'une cabine de vaisseau spatiale en pleine bataille intergalactique.
L'astronaute du minimal techno CARL LEKEBUSH n'aura aucun mal à reprendre ici les manettes, pour nous prouver
la force de cette scène techno européenne, avant de repartir préparer son live avec Adam Bayer
que l'on apercevra cet été.
Scène européenne que MARCO CAROLLA représente depuis
des années aux quatre coins du monde, invité à venir clôturer cette soirée il
risque de bouleverser les plans des couche-tôt pour les amener en forme au bon petit déjeuner berrichon.
L'univers Comics qui régnera dans le chapiteau ne fera que confirmer notre volonté de réunir
toutes les familles de l'électronique pour cette orgie sonore et visuelle.
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Je t'aime... Moi non plus
JÉRÔME MINIÈRE n'a que faire des paradoxes. On a du mal
à croire que ce garçon timide et souriant couve des idées aussi noires, qu'il manie si justement
le verbe et s'aventure dans la composition de chansons entièrement instrumentales. «La nuit éclaire
le jour qui suit» est un double album schizophrénique où Dr Jekill côtoie Mr Hyde, où
l'intimisme du propos jure avec l'engouement électronique.
La voix enrouée par l'alcool, l'esprit embrumé par les peines
de coeur, Bill Callahan navigue en eaux troubles. Vague à l'âme affiché et introspections nostalgiques
cimentent inexorablement, profondément l'oeuvre de SMOG. Pourtant sa douleur, ni vaine ni résolue,
s'évertue à sonder les moindres recoins de ses affres psychologiques jusqu'à entrevoir une
fissure sépia dans une brume opaque. «Knock Knock», son nouvel album, confirme cette quête
vers des horizons plus nuancés, vers une maturation musicale aux vertus libératrices.
Si la musique de YANN TIERSEN puise son inspiration dans l'intime et le repli,
elle parle à tous ceux qui connaissent la langue des notes. Quelque part entre terre et mer, les paysages
du jeune Breton nous éclaboussent de leurs embruns quand ils ne nous éblouissent pas lors d'une éclaircie.
Son pouvoir évocateur fait de ce timide multi-instrumentiste un illusionniste hors pair, un attendrissant
révélateur de mirages. Subtilement élaborée au gré d'instruments homologués
ou imprévus, sa prose musicale éclaire les détails majeurs qui nous illuminent : son cinéma
pour l'oreille a la véracité du vécu, les faisceaux de son «Phare» dévoilent
nos tempêtes et nos rêves.
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Soirée DHR : God shave the Queen !
Le punk est mort, vive le punk ! Si les sons évoluent et les mouvements
se font récupérer, certains états d'esprit demeurent immuables. En fondant le label Digital
Hardcore Recordings, Alec Empire a voulu créer un support libre d'expression, définitivement acquis
à la cause du cataclysme sonore, mais surtout vecteur des rébellions les plus extrêmes. Distribué
par Grand Royal, le label des Beastie Boys, DHR comprend une dizaine de signatures et donc autant de fist-fucking
sonores.
Durant les trois heures de cette soirée, des artistes du label mixeront
entre les prestations live de ATARI TEENAGE RIOT, FEVER, CHRISTOPH DE BABALON et SHIZUO. C'est la montée
du nationalisme en Allemagne qui a amené Alec Empire à fonder ATARI TEENAGE RIOT en 91. Il voulait
monter un groupe avec un véritable message, entier dans ses propos et sa création. Lassé par
une scène punk qui tourne en rond, il s'oriente vers les possibilités plurielles de la techno sans
pour autant se reconnaître dans cette musique sans parole, muette donc résignée. ATR développe
du coup son propre style, une apocalyptique fusion électronique des extrêmes, sauvagement incisée
par des mots clés l'électrochoc est total ! Sur scène l'instantanéité prime,
ATR est sans conteste plus proche du rock que du set DJ. La férocité des lives amènera même
le trio à tourner avec Jon Spencer Blues Explosion, Beck, Wu- Tang Clan, Beastie Boys ou Rage Against The
Machine.
Sans compter les collaborations vinyliques avec Slayer ou Asian Dub Foundation.
Une chose est sûre, ATARI TEENAGE RIOT n'a pas besoin de casser de guitare pour cracher sa colère
à la face du monde.
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LES WRIGGLES : nouveau spectacle
Ne cherchez pas, leur nom ne veut à peu près rien dire. Ils
sont cinq plus une guitare, ils sont beaux, ils sont rouges, chantent merveilleusement bien et nous ont fait mourir
de rire dès le premier spectacle. Leur nouveau spectacle se situe entre la chansonnette hardcore et les
polyphonies trash. Cinq échappés d'un asile, toujours prêts à traumatiser les enfants
dans un monde merveilleux où les héros de Walt Disney se massacrent à la tronçonneuse.
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